À la fin du XIXe siècle un statisticien italien, Pareto, étudiant la distribution des
revenus fiscaux, mettait au point des lois statistiques connues depuis sous le
nom de loi de Pareto. En simplifiant, on peut considérer que 20 % des bénéficiaires
de revenus, les revenus les plus élevés, représentent 80 % de la totalité
des revenus. On parle souvent aussi de loi 20/80 ou 80/20 ce qui revient
au même.
Bien entendu les travaux de Pareto sont de nature statistique et ne
concernent pas seulement des revenus. Mais il se trouve que beaucoup de
phénomènes peuvent être représentés par des lois de ce type, et particulièrement
les stocks.
Ce qui est important, chaque fois qu’on est capable de modéliser
un phénomène, c’est de savoir pourquoi on obtient tel type de modèle et
c’est ce que nous devons tenter de faire avec les stocks.
Voici par exemple, l’analyse de la consommation (en valeur) d’un stock de
1.000 articles techniques. Précisons qu’il s’agit ici d’un stock destiné à des
réalisations quasi industrielles d’assez grande technicité et non d’un stock de
produits de consommation.
Pour la réaliser, on trie les articles dans l’ordre des consommations (en valeur)
décroissantes. Puis on calcule les pourcentages d’effectif cumulé et de
consommation cumulée pour chaque article (tableau 4.1 et figure 4.2).
On constate que 11,85 % de l’effectif des articles ont une consommation
cumulée qui représente 79,85 % de la consommation totale. On est un peu en
dehors des stocks classiques pour lesquels on a plus souvent un rapport du
type 20/80 ou approchant. On peut donc se demander pourquoi on a un tel
résultat pour ce stock et, plus généralement, pourquoi l’on trouve des lois de
Pareto dans l’analyse de beaucoup de stocks.
On parle d’analyse ABC car on attribue un code « A » aux articles les plus
consommés, un code « C » aux moins consommés et un code « B » aux autres1.
À la recherche d’un modèle de représentation de la répartition en valeur des articles d’un stock :
Si quelques articles représentent une part importante des consommations en
valeur, c’est soit qu’ils sont particulièrement chers, soit qu’ils sont particulièrement
consommés ou, mieux encore, qu’ils sont les deux à la fois. L’analyse
ABC ne permet pas de séparer ces deux aspects qui sont pourtant tout à fait
différents. Il peut donc être utile de procéder à trois analyses ABC
différentes : une analyse ABC du catalogue (sur les prix unitaires), une
analyse ABC des consommations en quantité, même si ces unités de quantité
ne sont pas homogènes et l’analyse ABC classique sur les consommations
en valeur. Voici, toujours pour les mêmes articles, la courbe de Pareto
du catalogue, analyse réalisée uniquement à partir des prix unitaires sans
tenir compte des consommations (figure 4.3). On pourrait objecter que les
pourcentages en ordonnée qui représentent des pourcentages du total des
prix n’ont pas grand sens car ce total des prix ne représente rien. L’analyse
nous montre cependant à quoi ressemble la répartition des prix de ces articles
indépendamment de leur consommation. On est tout à fait dans la loi
des 20/80 car 18,27 % des articles représentent alors 79,93 % de ce total
cumulé des prix.
valeur, c’est soit qu’ils sont particulièrement chers, soit qu’ils sont particulièrement
consommés ou, mieux encore, qu’ils sont les deux à la fois. L’analyse
ABC ne permet pas de séparer ces deux aspects qui sont pourtant tout à fait
différents. Il peut donc être utile de procéder à trois analyses ABC
différentes : une analyse ABC du catalogue (sur les prix unitaires), une
analyse ABC des consommations en quantité, même si ces unités de quantité
ne sont pas homogènes et l’analyse ABC classique sur les consommations
en valeur. Voici, toujours pour les mêmes articles, la courbe de Pareto
du catalogue, analyse réalisée uniquement à partir des prix unitaires sans
tenir compte des consommations (figure 4.3). On pourrait objecter que les
pourcentages en ordonnée qui représentent des pourcentages du total des
prix n’ont pas grand sens car ce total des prix ne représente rien. L’analyse
nous montre cependant à quoi ressemble la répartition des prix de ces articles
indépendamment de leur consommation. On est tout à fait dans la loi
des 20/80 car 18,27 % des articles représentent alors 79,93 % de ce total
cumulé des prix.
On peut de la même façon représenter l’analyse ABC des consommations de
ces mêmes articles en quantité et sans tenir compte de la valeur des articles
(figure 4.4). Ce total de nombre d’articles consommés est là encore tout à fait
hétérogène, mais il nous permet de voir à quoi ressemble la répartition des
consommations de ces articles indépendamment de leur prix. Il faut cependant
prendre garde que l’analyse peut se trouver tout à fait modifiée si l’on change
les unités de gestion. Ainsi un touret de câble de 600 mètres peut être géré
au mètre, soit 600 unités, ou au touret (1 seule unité). La place de cet article
risque de ne plus être du tout la même dans l’un et l’autre cas. Ce type
d’analyse est donc à considérer avec beaucoup de prudence, contrairement
aux analyses de consommations en valeur qui, elles, correspondent directement
à une approche économique.
ces mêmes articles en quantité et sans tenir compte de la valeur des articles
(figure 4.4). Ce total de nombre d’articles consommés est là encore tout à fait
hétérogène, mais il nous permet de voir à quoi ressemble la répartition des
consommations de ces articles indépendamment de leur prix. Il faut cependant
prendre garde que l’analyse peut se trouver tout à fait modifiée si l’on change
les unités de gestion. Ainsi un touret de câble de 600 mètres peut être géré
au mètre, soit 600 unités, ou au touret (1 seule unité). La place de cet article
risque de ne plus être du tout la même dans l’un et l’autre cas. Ce type
d’analyse est donc à considérer avec beaucoup de prudence, contrairement
aux analyses de consommations en valeur qui, elles, correspondent directement
à une approche économique.
On voit dans cet exemple que la courbe de Pareto est encore plus accentuée
et que le phénomène prend une très grande importance.
C’est le produit de ces deux phénomènes qui nous explique la forme relativement
accentuée de la courbe de Pareto de notre exemple avec une prédominance
de la répartition des quantités dans l’explication du phénomène.
Dans l’exemple précédent, on peut voir comment la combinaison du prix et de
l’importance des consommations tend à diminuer l’importance du phénomène ;
on a représenté sur le tableau 4.2 le nombre d’articles ayant un prix fort,
moyen ou faible et une consommation importante, moyenne ou faible et l’on
voit que les catégories extrêmes ne se combinent pas entre elles de telle sorte
que les effets de catalogue et de consommation ne se multiplient pas l’un par
l’autre :
l’importance des consommations tend à diminuer l’importance du phénomène ;
on a représenté sur le tableau 4.2 le nombre d’articles ayant un prix fort,
moyen ou faible et une consommation importante, moyenne ou faible et l’on
voit que les catégories extrêmes ne se combinent pas entre elles de telle sorte
que les effets de catalogue et de consommation ne se multiplient pas l’un par
l’autre :
On notera que le rapport de l’échelle des consommations est supérieur à 1/500
alors que le rapport de l’échelle des prix est supérieur à 1/10.
On aurait pu penser que la distribution type de Pareto résulterait simplement
de la distribution des consommations des articles par rapport à l’échelle de
leur prix.
alors que le rapport de l’échelle des prix est supérieur à 1/10.
On aurait pu penser que la distribution type de Pareto résulterait simplement
de la distribution des consommations des articles par rapport à l’échelle de
leur prix.
Si, par exemple, les articles se répartissaient également autour d’un
prix moyen selon une distribution normale, on pourrait penser que l’effet des
prix les plus élevés d’une part et celui des prix les moins élevés sur des quantités
comparables d’autre part provoquerait une certaine dissymétrie de la
répartition des articles en valeurs de consommation. C’est exact mais insuffisant
pour expliquer une distribution de Pareto. L’explication est en réalité
triple :
prix moyen selon une distribution normale, on pourrait penser que l’effet des
prix les plus élevés d’une part et celui des prix les moins élevés sur des quantités
comparables d’autre part provoquerait une certaine dissymétrie de la
répartition des articles en valeurs de consommation. C’est exact mais insuffisant
pour expliquer une distribution de Pareto. L’explication est en réalité
triple :
– l’effet combinatoire décrit ci-dessus ;
– une dissymétrie très forte dans les consommations en quantité ; c’est le
phénomène principal de notre exemple et qui s’explique par la spécialisation
du stock pour une utilisation technique déterminée ;
– une dissymétrie dans la répartition des coûts des articles.
Cette dernière dissymétrie s’explique. On peut résumer l’explication par la
formule suivante : « les articles les plus chers sont aussi très chers ». Un article
peut être cher pour plusieurs raisons :
– parce qu’il est d’un degré de complexité (de réalisation) plus grand qu’un autre,
– parce qu’il fait appel à des ressources rares (et donc probablement chères),
– parce qu’il est peu consommé en général et donc n’est pas produit de façon
industrielle à coût réduit.
Ces trois causes ne sont pas indépendantes. La cherté peut expliquer une part
de la faible consommation. On prendra garde cependant qu’un article qui est
beaucoup consommé dans un stock peut être un produit de faible consommation
sur le marché des produits de ce type. La complexité de réalisation découlera
en général d’un degré de performance élevé et/ou d’un haut degré de
complexité intrinsèque. Dans les deux cas, la conception et la réalisation du
produit font appel à des ressources rares. Le coût d’obtention de ce degré de
complexité et/ou de performance n’est pas proportionnel au degré atteint. On
sait depuis Ricardo1 que l’on se heurte alors à ce qu’on appelle « la loi des
rendements décroissants » et que plus l’on va loin vers la performance, plus
le coût augmente, cela bien plus que proportionnellement.
de la faible consommation. On prendra garde cependant qu’un article qui est
beaucoup consommé dans un stock peut être un produit de faible consommation
sur le marché des produits de ce type. La complexité de réalisation découlera
en général d’un degré de performance élevé et/ou d’un haut degré de
complexité intrinsèque. Dans les deux cas, la conception et la réalisation du
produit font appel à des ressources rares. Le coût d’obtention de ce degré de
complexité et/ou de performance n’est pas proportionnel au degré atteint. On
sait depuis Ricardo1 que l’on se heurte alors à ce qu’on appelle « la loi des
rendements décroissants » et que plus l’on va loin vers la performance, plus
le coût augmente, cela bien plus que proportionnellement.
1 commentaires:
Merci pour vos efforts, mais svp mettez le nom complet de l'auteur.
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